La charité
Dans la meute des vents la plaine se lamente ;
L’Oiseau fuit, effaré, dans le creux du sillon ;
L’Arbre, au front triste et nu, se tord dans la tourmente,
Et l’ombre de la nuit envahit l’horizon.
Seule, une femme en noir, à la démarche lente,
Un rosaire pour guide et la foi pour rayon,
Suit, dans la forêt sombre, un sentier qui serpente,
Disant avec le cœur une ardente oraison.
Au fond d’une cabane ou l’affreuse misère
Étreint sur un grabat et la fille et la mère,
Elle entre... le regard rayonnant de bonté ;
Puis, du doigt leur montrant le ciel, douce espérance,
Dépose son aumône, adoucit leur souffrance
Et dit en souriant : Je suis la Charité !
L. MAUREL.
Paru dans Athénée de Forcalquier et Félibrige des Alpes,
séance du 9 novembre 1890.