À tort on m’a blâmé...
À tort on m’a blâmé de redouter la mort :
Je trouve cette crainte et juste et naturelle ;
Contre cette effroyable il n’est rien d’assez fort,
Et le Sauveur du monde a « sué » devant elle.
Il semble à mon esprit plein de feux et de fers,
Qu’il est déjà tombé sous l’horreur des supplices,
Et que, pour me loger au plus bas des enfers,
Il se découvrira de nouveaux précipices.
En ce dernier moment qui doit borner mes jours,
Que ferai-je, ô Seigneur, si tu ne me secours.
Dissipant les frayeurs qui naissent de mes crimes ?
Promets de me conduire à la gloire des Cieux,
Et la mort qui m’appelle au rang de ses victimes,
Tout horrible qu’elle est, sera belle à mes yeux.
François MAYNARD.
Recueilli dans Anthologie religieuse des poètes français,
t. I, 1500-1650, choix, présentation et notes d’Ivan Gobry,
Le Fennec éditeur, 1994.