Chant de Liberté

 

 

Vois le ruisseau de la montagne

Dédaigner un site enchanté

Pour dérouler dans la campagne

        Son onde en liberté.

 

Le fauve rugit dans sa cage,

De la lumière dégoûté ;

Il tend vers la forêt sauvage

        Où dort sa liberté.

 

Sous un portique, Philomèle

Pour les rois n’a jamais chanté ;

Sous le ciel, à la brise il mêle

        Ses airs de liberté.

 

Le mendiant, en sa détresse,

Victime de la pauvreté,

Errant... traîne dans l’allégresse

        L’or de sa liberté.

 

Qu’un prisonnier brise dans l’ombre

Les fers de la captivité :

Vers son pays, par la nuit sombre,

        Il vole en liberté.

 

Le soldat défend la Patrie :

Pour elle que n’a-t-il quitté ?

Il meurt pour son drapeau : la vie

        N’est rien sans liberté.

 

Tout vit pour toi dans la nature :

Seule tu donnes la gaîté ;

Sous le soleil la créature

        Meurt, sans toi, liberté.

 

Arbre à la racine profonde,

Par la main divine planté,

De ton ombre couvre le monde,

        Sublime liberté !

 

 

Montréal, 20 avril 1899.

 

 

Oswald MAYRAND,

Fleurettes canadiennes, 1905.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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