À la douleur
La Douleur purificatrice
Du Poète est la Béatrice ;
Ce n’est que par son âpre office
Qu’il s’élève aux Sérénités,
Et rien ne met au cœur plus de saintes clartés
Qu’un stigmate de cicatrice.
À ceux qui beaucoup ont souffert
Le secret du monde est ouvert,
Car nulle larme ne se perd
Et chacune en sait plus qu’un livre.
C’est toujours à ceux-là, que la souffrance enivre,
Que le printemps semble plus vert.
De leurs espérances sombrées
En des nuits d’angoisse ignorées,
Les âmes sortent, épurées,
Comme montent, au sein des soirs,
Au-dessus des soleils morts à tous nos espoirs,
Les astres aux pâleurs sacrées !
Robert MAZE.
Paru dans L’Année poétique en 1906.