Seigneur, je t’apporte mon joyau...
Seigneur, je t’apporte mon joyau. Il est plus grand que les montagnes, plus vaste que le monde, plus profond que la mer, plus haut que les nuages, plus beau que le soleil, plus multiple que les étoiles ; il pèse plus que la terre entière.
– Ô image de ma divinité, glorifiée par mon humanité, ornée de mon Esprit Saint, comment se nomme ton joyau ?
– Seigneur, il se nomme la joie de mon cœur, que j’ai retirée au monde. Je l’ai gardée en moi-même, je l’ai refusée à toute créature. Et voici que je ne puis plus la porter. Seigneur, où la déposerai-je ?
– Tu ne déposeras la joie de ton cœur nulle part ailleurs qu’en mon cœur divin, sur le sein de mon humanité. Là seulement tu seras consolée et tu recevras les baisers de mon Esprit.
MECHTILDE DE MAGDEBOURG,
La Lumière de la Divinité.
Recueilli dans Dieu et ses poètes, par Pierre Haïat,
Desclée de Brouwer, 1987.