La nuit en marche
Dans l’étable en ruine où, cette nuit d’hiver,
On entend respirer la présence des Anges,
Parmi l’or de la paille et la pâleur des langes,
Repose un enfant pauvre et faible : Dieu fait chair.
De tous les horizons, vers ce Roi, longs cortèges
Que guident les falots dans l’ombre balancés,
Cheminent l’avenir, le présent, le passé,
Par mille routes où le gel durcit la neige.
Ils ont vu son étoile, et leur désir bondit,
Et tous ces exilés de l’ancien paradis,
Accourent, cœurs tendus, vers l’espérance fraîche.
Et Jésus, écoutant la nuit craquer de pas,
Semble déjà guérir, en leur ouvrant les bras,
Les détresses du monde en marche vers la crèche.
Camille MELLOY.
Recueilli dans Poètes de Jésus-Christ,
poésies rassemblées par André Mabille de Poncheville,
Bruges, Librairie de l’Œuvre Saint-Charles, 1937.