Le secret

 

 

J’ai découvert un jour que la souffrance est belle

Et qu’il ne faudrait point envier les heureux.

Si le monde accessible est préparé pour eux,

Les sublimes secrets ne s’ouvrent que pour Elle.

 

Moi qu’elle a poursuivi d’un choix dur et fidèle,

Mes instants les plus beaux sont les plus douloureux,

Et dans l’éclatement de leur fruit généreux,

Le sang gicle ébloui d’un cœur pourtant rebelle.

 

Trop lâche pour oser te prendre par la main

Et te contraindre à faire avec moi le chemin

Sans m’accorder la source et l’ombre d’une halte,

 

Je te crains, ô ma Reine, et je t’aime, ô ma sœur,

Dont le rude baiser me déchire et m’exalte

Par sa pulpe de cendre au noyau de douceur.

 

 

 

Camille MELLOY, Le Miserere du Trouvère,

Desclée de Brouwer.

 

 

 

 

 

 

 

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