Pareil aux jardins

 

 

Je te voudrais pareil, mon cœur, à ces jardins

Rustiques, embaumés de verveine et de thym,

Heureux de leur sureau brillant de sombres perles

Et de leur pommier tors où vocalise un merle...

 

Ils ne regardent, par-dessus leur haie d’épine,

Que le cadran du vieux clocher paroissial

Qui marque les instants de leur bonheur égal,

Et la croix où l’élan du clocher se termine.

 

Je te voudrais pareil, mon cœur, à ces jardins :

 

Tu connaîtrais la joie d’aimer les humbles choses,

Et de sentir, sur tes misères, leur pitié,

Et de partout répandre une claire amitié

Pareille aux rosiers, lourds de lumineuses roses...

 

Tes pensers se teindraient des lueurs du ciel bleu;

Ton désir serait simple et ta vertu discrète,

Et tu serais le cœur confiant qui s’apprête

À recevoir la paix des mains mêmes de Dieu

 

 

 

Camille MELLOY, Cinq contes de Noël,

Desclée de Brouwer.

 

 

 

 

 

 

 

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