L’Annonciation

 

 

L’Ange s’en est allé sans laisser nulle trace ;

La chambre est humble et douce ainsi que chaque jour ;

Le pavé luit, et les meubles bien à leur place

Attestent le travail et l’ordre dans l’amour.

 

Dehors, des laboureurs sarclent leurs blés en herbe ;

Des vignerons marient la vigne à l’olivier ;

Juché sur une mule, un Pharisien superbe

Passe, qui dans sa barbe, affecte de prier.

 

Le monde indifférent fait sa tâche ordinaire.

Parmi les millions de vivants nul ne sait

L’ineffable nouvelle apportée à la terre

Ni l’éclat de ce jour que le Seigneur a fait.

 

Seule la Vierge sait. Assise à la fenêtre

Qui regarde les champs et laisse voir le ciel,

Elle médite, adore, et concentre en son être

Le message divin qu’apporta Gabriel.

 

Abîmée au secret merveilleux qu’elle cache,

Les yeux clos et les mains jointes devant son sein,

Elle semble écouter battre en son cœur sans tache

Le sang qui nourrira la chair du Fruit très saint.

 

Un rayon de soleil joue autour d’elle ; il n’ose

S’attarder sur Marie, ayant peur d’offenser

Le vivant tabernacle où le Très-Haut repose,

Mais sur ses pieds d’enfant il met un clair baiser.

 

 

 

Louis MERCIER.

 

 

 

 

 

 

 

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