Assomption

 

 

Vierge, souvenez-vous de l’instant où vos yeux

Ont vu la pauvre étoile humaine disparaître !

– Vous aviez dépassé les confins de nos cieux ;

          Vous abordiez l’éther sans êtres.

 

Les astres, sous vos pieds, semaient des roses d’or ;

À se sentir plus près des hauteurs éternelles,

Les anges dont le vol secondait votre essor

          Battaient plus largement des ailes !

 

Comme elle apparaissait, pâle et triste, là-bas,

La lueur de la terre au fond de l’étendue !

Cependant vos regards ne se détournaient pas

          De cette planète perdue :

 

C’était le monde où l’homme naît, où l’homme meurt !

Vous aviez vécu là parmi ceux qui respirent,

Vous aviez partagé leurs travaux et leurs pleurs,

          Leurs tendresses et leurs sourires.

 

Et voici qu’oubliant, un instant, les splendeurs

Du trône que l’Époux a dressé pour vos charmes,

Vous avez salué le pays des douleurs

          De la dernière de vos larmes !

 

– Mère, souvenez-vous de ce suprême adieu :

Des sommets de la gloire où vous siégez, ô Reine,

Abaissez quelquefois la pitié de vos yeux

          Sur notre pauvre étoile humaine !

 

 

 

Louis MERCIER.

 

 

 

 

 

 

 

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