Le couronnement de Marie
Veni, coronaberis.
Reine, venez en aide au poète ébloui
Qui n’ose dire, avec ses mots chargés de terre,
La gloire où le Seigneur vous exalte aujourd’hui !
Votre couronnement ineffable. Le Père
Inclinant, caressante et joyeuse, sur vous
L’immense majesté qu’annonce le tonnerre ;
Le Fils que vous avez bercé sur vos genoux
Vous embrassant dans la splendeur des cicatrices,
Où s’atteste le sang qu’il a versé pour nous ;
Et l’Esprit qui vous dit : « Venez, ô mes délices,
Venez, l’hiver s’enfuit et la pluie a cessé,
Et j’accours aux parfums que versent vos calices ! »
Qui pourrait exprimer son amour embrasé ?
Qui dira le brûlant baiser des Trois Personnes
Parmi les lys royaux de votre front posé ?
Qui peindra les joyaux dont luit votre couronne ?
De quel soleil plus pur que le soleil humain
Sont détachés les feux dont ce nimbe rayonne ?
Tout luth se briserait aux téméraires mains
De qui voudrait chanter ce triomphe, ô Marie !
Vous seule, surpassant la voix des séraphins,
Comme autrefois, dans la maison de Zacharie,
Vous avez célébré le radieux secret
Dont votre auguste chair venait d’être fleurie.
Vous seule, en un transport à qui Dieu sourirait,
Pourriez dire du haut de la gloire où vous êtes
Le souverain poème où se magnifierait
La beauté de cette heure, ô Reine des poètes !
Louis MERCIER,
Virginis Corona.
Recueilli dans Rosa mystica :
Les poètes de la Vierge,
du XVe au XXe siècle, s. d.