Notre-Dame des petits

 

 

Lorsque les petits enfants meurent,

– Et la mort choisit les plus beaux ! –

Tandis que leurs mères demeurent

À pleurer près des berceaux,

 

Eux, laissant au fond de leurs bières

Les langes à leurs bras raidis,

Quittent la nuit des cimetières

Et s’en vont droit au paradis.

 

Et vers la cité souveraine,

Tout nus, et frissonnants un peu,

Ils avancent, posant à peine

Leurs pieds roses sur le ciel bleu.

 

Ce que voyant, la Vierge Mère

À leur dénûment compatit,

Songeant aux douleurs de la terre

Lorsque Jésus était petit.

 

Et, tout de suite à sa quenouille,

Mettant un coton de satin,

Elle dévide un fil que mouille

L’haleine humide du matin.

 

Puis, le soir étant venu, Notre-Dame

Prenant les cieux pour marchepied,

Pour la tisser étend sa trame,

Pour la tisser, elle s’assied,

 

Et comme une blonde navette,

On entrevoit sans se lasser,

Entre la brume violette,

Passer la lune et repasser.

 

Et dans l’étoffe des buées,

Près d’elle, de beaux chérubins

Taillent des robes de nuées

Dont ils revêtent les bambins.

 

Bientôt sous leurs fines toilettes,

Les enfants vont, drus et joyeux,

Dans les lis et les violettes

Jouer par les grands prés des cieux.

 

Et, les voyant, la Vierge Mère

À leurs beaux rires applaudit,

Songeant aux bonheurs de la terre

Lorsque Jésus était petit.

 

 

 

Louis MERCIER.

 

 

 

 

 

 

 

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