Vierge et fleur
Il est dans notre gai village
Une enfant au divin visage ;
Au fond des bois pleins de fraîcheur,
Je sais une céleste fleur.
L’enfant a le nom de Claudine,
Elle est belle comme une ondine ;
La fleur, c’est celle de Rousseau,
La pervenche du renouveau.
Je retrouve dans la fleurette
Les doux yeux bleus de la fillette ;
De Claudine le regard pur
Me rappelle la fleur d’azur.
Quand me sourit la vierge blonde,
De gaîté mon âme s’inonde ;
Et devant la pervenche épris,
Je suis par un charme surpris !
Ô chère enfant, belle adorée
Astre des bois, fleur préférée !
Ô ravissantes sœurs, à vous
Mes chants et mes vœux les plus doux !
Sur vos hautbois, gars du village,
Chantez Claudine au fin corsage ;
Linots, rossignols et pinsons,
Jetez à la fleur vos chansons !
Vers l’enfant pleine d’innocence
Volez, rives de l’espérance ;
Beaux papillons couleur de feu,
Caressez le calice bleu.
À la vierge que tout sourie,
Bonheur, rayonne sur sa vie !
De la pervenche va, zéphir,
Baiser l’étoile de saphir.
Si quelque pleur dans ton œil brille,
Qu’il soit de joie, ô jeune fille !
Rosée, au pétale charmant
Pose à chaque aube un diamant.
Et toi, que la nature immense
Avec amour exalte, encense,
Toujours, toujours, bénis, Seigneur,
La vierge et la petite fleur !...
Louis MERCIER.
Paru dans La Jeune Belgique en 1881.