Premier froid

 

                                                                   Ave...

 

LES oiseaux tristement ont regagné leur couche

Car Décembre s’annonce et va pleurer sur eux ;

Blottis, l’aile fermée, au sein d’un chêne creux,

Ils fuient le vent qui hurle et qui les effarouche.

 

Et moi, comme eux tremblant, comme eux aussi farouche,

Regrettant le passé qui me rendit heureux,

Je m’arrête devant l’ombre des jours brumeux,

Pendant qu’à mes baisers tu refuses ta bouche.

 

À l’approche du soir l’oiseau ne chante plus ;

L’écho répète seul un dernier angélus,

L’Angélus qui gémit en novembre où tout pleure.

 

Comme l’oiseau troublé devant ses chants perdus,

Mon esprit, près de toi, berce d’un dernier leurre

Mon pauvre cœur transi par ton premier refus.

 

 

 

Louis MICHAUT, novembre 1896.

 

Paru dans La Sylphide en 1897.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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