Heure grise

 

 

Le jour pieusement mourait dans le silence,

Car la terre était lasse et les hommes rompus.

L’oiseau même avait tu sa plaintive romance

Et rêvait quelque part sous les arbres touffus.

 

Seule, assise dans l’ombre abritant ma souffrance,

Seule avec mes désirs, mes rêves éperdus,

Je me sentais soudain si pauvre d’espérance

« Que plus ne m’était rien, que rien ne m’était plus. »

 

Tout à coup, dans la nuit, une cloche sonore

Me parla de celui qu’ici-bas on implore

Et qui divinement console la douleur.

 

Je pris sans hésiter le chemin de l’église

Où je trouvai sans peine, en cette heure trop grise,

Un cœur où déposer le poids lourd de mon cœur.

 

 

 

MILLICENT, Campanules, 1923.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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