Offrande du matin
Je vous offre, mon Dieu, cette aube qui se lève
Avec toute sa grâce et toutes ses clartés.
Je vous offre la brume opaque qui s’élève
Et dégage là-bas les sommets argentés.
Je vous offre le chant des oiseaux et la brise
Qui prend tous les parfums des fleurs à leur réveil.
La romance du flot qui vient du large et brise
Sa frange aux dents du roc que chauffe le soleil.
Je vous offre, mon Dieu, toute la lassitude
Et toute la douleur des yeux qui vont s’ouvrir.
Je vous offre le cœur de cette multitude
Qui recommencera tout à l’heure à souffrir.
Je vous offre mon âme et toutes les pensées
Qui s’agitent en vain au fond de mon esprit,
Mes rêves, mes désirs, pauvres ailes brisées
Qui portèrent trop loin mon cœur endolori...
Mon Dieu, recevez tout, mes ennuis et mes peines,
Pour ce jour qui commence et qu’un autre suivra.
Je veux m’abandonner confiante et sereine,
Ô Père, entre vos bras !
MILLICENT, Campanules, 1923.