Petits pieds de Jésus

 

 

Mon doux Jésus, souffrez que j’échauffe vos pieds,

Vos divins petits pieds, sous mes baisers de flamme.

Ils vont se fatiguer à rechercher mon âme,

Et mes péchés seront par leur sang expiés.

 

Je le sais, mes transports d’amour sont épiés

Par les stipendiés de quelque Hérode infâme,

Et Satan, ébranlant le Calvaire, me clame :

« Sur la Croix, ces pieds-là vont être estropiés ! »

 

Mais, ô pieds de Jésus ! faites le tour du monde !

Allez et renversez partout l’idole immonde,

Où, sous cent noms menteurs, le diable se fait Dieu !

 

Et nous, jusqu’à la fin des temps, à cette Crèche,

Nous viendrons, ô Jésus, de nos baisers de feu,

Couvrir vos petits pieds nus sur la paille fraîche !

 

 

 

Adolphe MILLET.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1894.

 

 

 

 

 

 

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