C’était vers le déclin...

 

 

                                                    Dimanche, 14 Mars 1915

 

C’était vers le déclin du premier des sept jours ; et le plus pauvre

Avait son moment de la nuit qu’il appelait le veilleur d’or ;

Car la prière de cet âge était visible, et elle était

Plus profondément douce et belle que toi, enfant,

Avec son grand visage d’or levé dans les vapeurs de l’Est.

Tous ces sages autour nous qui n’ont jamais vu le Soleil !

Ô mon enfant ! c’est à pleurer ! ô mon enfant !

Car, une nuit, l’homme ne reconnut pas sa voix, en priant ;

Et il lui sembla qu’une étrangère était là,

Qu’une femme qu’il ne connaissait pas était venue

Apporter un vêtement pour un mort.

Alors l’homme cria : Iegueodah, Iegueodah !

Vers Iehovah d’avant Iasher ; mais le beau chemin bleu

Ne s’ouvrit pas, le cri ne souleva pas la montagne,

Rien ne parut à l’Est : l’Âge d’Or n’était plus.

 

 

C’était donc vers le soir du premier des sept jours ;

 

– Et nous vivons dans le cinquième jour, ma sœur,

Celui dont traite l’Apocalypse, le jour de la Conjonction.

Le sixième jour approche !

 

 

 

 

O. V. de L. MILOSZ.

 

Paru dans O. V. de L. Milosz (1877-1939),

collection Les Lettres, Éditions André Silvaire, 1959.

 

 

 

 

 

 

 

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