Que le monde est beau
Que le monde est beau, bien-aimée, que le monde est beau !
Entends-tu ? Voici l’ondée
Elle vient... elle est tombée !
Tout le royaume de l’Amour sent la fleur d’eau.
La jeune abeille,
Fille du soleil,
Vole à la découverte dans le mystère du verger ;
J’entends bêler les troupeaux,
L’écho répond aux bergers.
Que le monde est beau, bien-aimée, que le monde est beau !
Le tendre jour nous fait signe de la colline voilée.
Levez-vous, Amour doux, appuyez-vous sur mon épaule ;
J’écarterai la chevelure du saule...
La colombe aux beaux pieds vient boire à la fontaine ;
Qu’elle s’apparaît blanche dans l’eau nouvelle !
Que dit-elle ! Où est-elle ?
On dirait qu’elle chante dans mon cœur nouveau.
La voici lointaine.
Que le monde est beau, bien-aimée, que le monde est beau !...
Sois notre hôte, arrête-toi ;
Tu te reposeras sous notre toit...
Nous te nourrirons de pain, de miel et de lait.
Ne fuis pas.
Qu’as-tu à faire là-bas ?...
Il y a une belle chambre secrète
Dans notre maison de repos ;
Là, les ombres vertes entrent par la fenêtre ouverte
Sur un jardin de charme, de solitude et d’eau...
Que le monde est beau, bien-aimée, que le monde est beau !
Oscar Vladislas de Lubicz MILOSZ,
Méphiboseth, Silvaire.