Méditation sur la couronne d’épines

 

 

Tel fut son diadème. Ils ont pris une branche

Où tremblait un Avril de neige rose et blanche,

Puis ils ont couronné d’épines et de fleurs

Le front pâle de sa face de Christ en pleurs.

L’univers palpitait d’amour pendant l’injure

Et le printemps pâmé baisait sa chevelure.

En des cristaux de roche et des ors éclatants,

Les siècles ont gardé ce bois d’un vieux printemps

Poussé pour le rachat de l’orgueil, des rapines,

Des blasphèmes.

                                             Voici la couronne d’épines.

Le vouloir créateur et facile de Dieu,

Dont chaque idée au fond de l’espace prend feu,

Qui peupla l’air d’oiseaux, les abîmes de squales,

Et le matin de lys, qui pensa les étoiles

Et fit paître de l’ombre à leur pâle bétail,

La flamme dont flambaient les mondes en travail,

L’intelligence errant, lueur miraculeuse,

Sur l’ombre, et sur la nue, et sur la nébuleuse,

Par qui les grands lions, à vivre conviés,

Bondirent, qui dressa l’homme sur ses deux pieds,

Qui souffla dans les cieux, qui tordit la matière,

Dans ce réseau de bois a tenu tout entière.

Ces épines en ont sondé la profondeur.

Ceci du front de Dieu ressentit la tiédeur.

Le chef sacré, sachant la vérité suprême,

A donné sa mesure à ce vil diadème.

Cette branche de Mai qui poussait pour un nid

Fut tressée en couronne et borna l’infini.

 

 

 

Adrien MITHOUARD, L’Iris exaspéré.

 

Recueilli dans les Suppléments à l’Anthologie

des poètes français contemporains, 1923.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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