Le pauvre pécheur
– Simon Pierre, qui le suivait, vint à son tour et entra dans le sépulcre et vit des linges posés à terre.
– Et le suaire qu’on avait mis sur sa tête, lequel n’était pas avec les linges, mais plié séparément dans un autre lieu.
(JEAN XX, 6-7.)
Soyons ce grand matin d’une candeur étrange
Et ce linge plié proprement par les anges,
Posés tous deux, l’un ici, l’autre un peu plus loin.
Il importe, ma sœur, d’être humbles avec soin,
De garder notre place et de n’être autre chose
Que ce peu d’ordre où nous sommes ces pauvres choses
Comme dans la maison des objets sous la main,
Disposés pour Celui qui peut venir demain,
Par Quelqu’un d’en allé (pleins d’un geste récent).
L’ordre est une présence éparse des absents.
Il faut régler avec scrupules notre vie,
Observant cette paix fine, la minutie,
Ne pas rire, sourire, en étant ce qu’il faut.
Du linge en ordre le matin, cela est beau,
Du linge frais, rangé, grossièrement cousu...
Soyons avec blancheur la fête de Jésus,
Nos cœurs ici et là, pliés comme des linges...
Adrien MITHOUARD,
Le pauvre pécheur.
Recueilli dans Anthologie de la poésie catholique
de Villon jusqu’à nos jours, publiée et annotée
par Robert Vallery-Radot, Georges Grès & Cie, 1916.