Laissez-moi donc porter mon âme...
Laissez-moi donc porter mon âme dans la foule,
marcher parmi les humbles et guider leurs yeux
vers Votre ciel où luisent Vos étoiles !
Je veux être un émondeur au milieu des ceps,
un ouvrier près du raisin qu’on foule.
Laissez-moi donc porter mon âme dans la foule ;
ma parole dans la bouche des bègues,
ma main pour ceux qui gisent le long du sentier.
Et, à la fenêtre de mon logis,
une flamme dans la nuit ;
que celui qui s’est égaré
dirige ses pas
vers le Refuge secourable.
J’allumerai le chandelier,
mettrai le pain et le vin sur la table,
et le Livre, je l’ouvrirai
à la parabole du Bon Berger.
Wies MOENS, L’Annonciation.
Recueilli dans Anthologie de la poésie
néerlandaise de Belgique (1830-1966),
choix de textes et traduction par Maurice Carême,
Éditions Aubier-Montaigne, 1967.