Le don des larmes

 

 

Du Christ une larme bénie

Sur l’homme ingrat tombée un jour

Fut par les anges recueillie

Et portée au divin séjour

 

De cette perle sans pareille,

Le Seigneur d’un souffle créa

Un séraphin, chaste merveille,

Dont le doux nom fut Éloa.

 

De cet ange né d’une larme,

Ô femmes ! vous êtes les sœurs...

Pour vous douer d’un tendre charme,

Le ciel vous fit le don des pleurs.

 

Pour rafraîchir le cœur aride

De l’homme ici-bas malheureux

Dieu cacha dans votre œil limpide

Une source aux flots amoureux

 

Pour laver toutes les blessures

Et guérir toutes les douleurs,

Il transforma vos larmes pures

En dictâmes réparateurs....

 

Aussi, beaux anges de la terre,

Vos pleurs s’empressent de couler

Partout où s’offre une misère,

Une infortune à consoler.

 

Comme aux diamants de l’aurore

S’ouvrent les languissantes fleurs,

L’âme qu’un mal secret dévore

S’ouvre aux doux trésors de vos pleurs.

 

Vos larmes du cœur sont la pluie,

Et l’Espoir, colombe du ciel,

Dans cette onde qui purifie

Ravive ses ailes de miel.

 

En vous, la pitié, la tendresse

Jamais ne sauraient sommeiller...

Femmes, voilà pourquoi sans cesse

Vos yeux sont prêts à se mouiller.

 

Ah ! que la joie et ses délires

Vous prêtent d’attraits enchanteurs !

Mais, que plus doux sont vos sourires

Lorsqu’ils sont humides de pleurs !

 

 

Gabriel MONAVON.

 

Paru dans La Muse des familles en 1857.

 

 

 

 

 

 

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