Le dévouement maternel

 

                           LES TROIS MÈRES

 

 

Sur un berceau penchée, une femme est en pleurs...

– N’est-ce donc pas assez pour sauver une vie

Que l’amour soit ardent, la tendresse infinie ? –

Et, jusqu’à la mort triste, et pleine de douleurs,

Toute son âme saigne et se fond en prière :

                    C’est une mère !

Car son enfant chéri, son bien, son cher trésor,

Est là. pauvre petit, qui gémit et qui peine...

Guérira-t-il ?... La lutte, hélas ! est-elle vaine,

Et faudra-t-il enfin le céder à la mort ?

Quand tout semble fini, seule une femme espère :

                    C’est une mère !

 

Sur ces jeunes esprits qui donc se penche aussi ?

Qui verse la science avec Dieu dans les âmes ?

Allume dans les cœurs de généreuses flammes ?

– Même sans espérer qu’on lui dise merci ! –

C’est, de nos jeunes ans, l’éducatrice chère :

                    C’est une mère !

Car la mère n’est pas celle-là seulement

Qui nous donna son lait, car celle qui défriche

Le champ dur de l’esprit, le transforme en sol riche.

L’est encore et bien mieux : elle enfante vraiment !

Et, dévouant sa vie à ce labeur austère,

                    C’est une mère !

 

Qui jette à ces blessés ce regard anxieux ?

S’approche doucement et doucement console.

Et vers tous les blessés de la vie ainsi vole ?

Aux cœurs désespérés qui donc montre les deux ?

C’est l’amie et la sœur, c’est celle qu’on vénère :

                    C’est une mère !

Car elle est mère aussi – sainte maternité !

Celle qui, s’oubliant pour tous, est plus que femme,

Se donnant corps et cœur, ne garde que son âme...

Ah ! soit qu’on l’appelle ange ou sœur de charité,

Que son nom, comme au ciel, soit béni sur la terre :

                    C’est une mère !

 

 

 

Mme Marie MONFILS-CHESNEAU.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1896.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

www.biblisem.net