La mendiante
Seule elle s’achemine, et nul ne la regarde,
La pauvre mendiante au front pâle et blêmi ;
Elle compte ses maux avec Dieu qui la garde,
Cherchant quelques secours d’un pas mal affermi.
Voyageant chaque jour de village en village,
Rien ne lui sourit plus, hélas ! sur son chemin ;
L’hiver a tout détruit : pas même un fruit sauvage
Qui pende sur la haie et qui s’offre à sa main !
L’hiver lui prend encor ces biens que Dieu dispense
Au pauvre comme au riche, à tout être qui vit :
La verdure et les fleurs qui donnent l’espérance,
Le soleil bienfaisant qui réchauffe et qui luit.
Elle va, d’une voix plaintive et suppliante,
Implorer la pitié du riche et du puissant,
Pour sa mère, peut-être alitée et souffrante,
Pour un vieillard perclus, pour un petit enfant !
Sa tête est inclinée, humide est sa paupière ;
Il lui coûte de dire : Oh ! j’ai froid ! oh ! j’ai faim !
De répéter partout sa peine et sa misère
Pour obtenir un sou !... pour un morceau de pain !...
Ne la repoussez pas, la pauvre mendiante,
Lorsqu’elle vient, timide, heurter à votre seuil ;
Donnez-lui, donnez-lui d’une main bienfaisante,
Et Dieu, qui la protège, entendra votre accueil.
Novembre 1857.
Louis MONNET.
Recueilli dans Les poètes vaudois
contemporains, par A. Vulliet, 1870.