Le nid de rouges-gorges

 

 

Au bout de mon jardin, dans l’épaisseur d’un mur,

Il est un trou profond, irrégulier, obscur,

Où l’on voit pénétrer souvent dans la journée

Un oiseau diligent portant une becquée ;

Il y bâtit son nid sur le mortier poudreux,

L’apprête à ses desseins, se forme un petit creux

Qu’il tapisse avec soin de feuilles et de mousse,

De plumes, de coton, matière encore plus douce

Pour recevoir les œufs que l’aile couvera,

Que le sein maternel longtemps réchauffera,

Afin que devenant trop mince, la coquille

Se brise et donne essor à la jeune famille

Que l’on verra bientôt s’élancer dans les airs,

S’ébattre, s’égayer et former des concerts !

Oh ! j’admire souvent l’aimable intelligence

De ces êtres charmants qui sous la Providence

Travaillent au bonheur de leurs chers nourrissons

Tout en nous faisant part de leurs douces chansons !

En eux je trouve tout ; la divine sagesse

Leur légua le travail, l’amour et la tendresse ;

Et je ne puis jamais méditer près d’un nid

Sans que le Créateur en mon cœur soit béni !

 

        Mai, 1854.

 

 

 

Louis MONNET.

 

Recueilli dans Les poètes vaudois

contemporains, par A. Vulliet, 1870.

 

 

 

 

 

 

 

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