L’amour et la jeunesse

 

 

Je sais bien que l’ardeur des premières caresses

S’apaise trop souvent entre des bras malsains,

Que le premier baiser échappe à nos ivresses,

Et qu’on dort lourdement sur n’importe quels seins.

 

Je sais que le jeune homme, hélas ! dont le pied glisse,

S’il ne s’abaissait point, ne se croirait point grand,

Et que sa fleur d’amour encor dans le calice

Il l’offre à qui la veut, et Dieu sait qui la prend.

 

Et dans l’amer dégoût des jouissances vaines,

Triste de repartir vil comme il est venu,

Sans plus de joie, avec moins de sang dans les veines,

Il blasphème l’amour qu’il n’a jamais connu.

 

Aussi, je veux pour toi jouissances sublimes,

Pures absorptions dans l’amour infini,

Rêves sans cauchemars, et voluptés sans crimes,

Et fiertés à ton front que rien n’aura terni.

 

Je veux te dérober aux tendresses infâmes

Et je veux qu’au printemps, sous le firmament bleu,

Lorsque parmi les fleurs, au soir, tombent tant d’âmes,

La tienne, dans l’amour, s’élève jusqu’à Dieu.

 

 

Edward MONTIER.

 

Paru dans Les Fleurs d’or en mars 1914.

 

 

 

 

 

 

 

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