La crypte de Vieil-Armand (Vosges)

 

 

                                                   – Pour que l’on n’oublie pas. –

 

                                                             Dédié aux trente mille soldats

                                                             qui ont fait vivre la flamme de la France

                                                             avant de s’endormir, un soir,

                                                             pour la liberté (1914-1918).

 

 

Vieil-Armand. Émue, j’entrai dans le long couloir.

Le froid m’accueillit. Je frémis dans l’ombre noire.

Tout autour de moi, les soldats se soulevaient

Pour écouter, de mes pas, les bruits qui passaient.

 

Ô tous ces noms glorieux de tous ces bataillons

Tombés sur le sol nu où béaient les sillons

Qu’un modeste paysan venait de tracer,

Aux dernières lueurs d’une journée d’été.

 

Vous veillez dans cette immense crypte glacée,

Unis, les uns contre les autres allongés.

Quand le Faucheur avec lui vous a emmenés,

Vous n’étiez plus secondes classes ni gradés.

 

Ici, le pâle soleil pénètre tremblant

Qui déjà caressait vos visages mourants.

Vous étiez jeunes. Vous étiez enfants encor

Et là, doucement, le cœur pur, vous êtes morts.

 

Des mains pieu ses et inconnues ont déposées,

Sous le vaste dôme, des fleurs déjà fanées.

Vous qui veillez dans les tombeaux de Vieil-Armand,

Levez-vous et regardez ce cadre charmant.

 

Vous rappelez-vous ces bois barrant l’horizon

Et ce grand tertre tout couvert d’un doux gazon ?

Les oiseaux égrènent leur cœur en notes claires,

Une odeur de mauve et de paix flotte dans l’air,

 

Humbles soldats, maintenant d’un autre univers,

Priez afin qu’il n’y ait jamais plus de guerre.

Cette prière que vous faites des cieux,

Un Esprit l’entend, cela suffit car c’est Dieu.

 

Reposez, rêvez, hommes dont l’aube fut brève

Et dont l’immolation nous assura la trêve.

Votre souvenir vivant, nous conserverons

Jusqu’à la fin du monde, glorieux bataillons.

 

Émue, je repartis suivant le long couloir.

Il faisait froid mais l’ombre n’était plus noire.

Tout autour de moi, les soldats étaient levés

Pour écouter de mes pas, les bruits attristés.

 

 

 

Geneviève MONTCOMBROUX.

 

 

 

 

 

 

 

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