Éveillez-vous, harpes célestes...
Éveillez-vous, harpes célestes,
Vous qui dans les bleus Paradis
Chantez loin de nos bords funestes,
Aux cieux aux mortels interdits.
Résonnez et de vos merveilles
Enchantez nos cœurs, nos oreilles
Dans ce jour entre tous béni.
Vibrez, des éternelles rives
Découvrez-nous les perspectives,
Ravissez-nous dans l’infini.
Éveillez, harpes éthérées,
Dans l’âme triste d’un mortel,
Aux sons de vos hymnes sacrées,
Ce qui sommeille d’éternel :
Les élans d’une sainte ivresse,
La vision enchanteresse
Pleine d’un éclat sidéral ;
Les plus ineffables délires,
Pareils à la douceur des lyres,
Les extases de l’idéal.
Emportez-nous loin de nos fanges,
Dans l’espace d’or et d’azur,
Parmi les légions des anges
Qui versent leur sourire pur.
Chantez, dans son berceau fragile,
L’Enfant qui porte l’Évangile,
Le bonheur de l’humanité,
Le baume endormant la souffrance,
Les délices de l’espérance,
Le salut, l’immortalité,
Alfred MONTVAILLANT,
Roses de Saron, 1905.