Le présent du pauvre

 

 

Les Mages dans l’éclat de leur magnificence

Sont entrés dans l’étable apportant un trésor,

Dans leurs mains, de l’encens, de la myrrhe et de l’or,

Et mille autres présents de leur munificence.

 

Surgis de tous côtés des pèlerins nombreux,

À l’exemple des rois, chargés de leurs offrandes,

Des fruits des champs, des fleurs que l’on tresse en guirlandes,

S’avancent pleins de joie et marchent derrière eux.

 

Interminable, enfin le défilé s’achève.

Au milieu des présents, sur sa paille couché,

L’Enfant tient sur le ciel son regard attaché

Et semble se livrer à la douceur d’un rêve.

 

Un berger à son tour vient présenter ses vœux.

Une femme le suit, aussi pauvre et tremblante,

Sa ceinture soutient sa tunique flottante,

De Sârons une rose orne ses blonds cheveux.

 

Ils restent sur le seuil ; confus de leur misère

Ils hésitent tous deux et n’osent pas entrer.

Dans l’étable, saint temple, on les fait pénétrer,

Car du pauvre, à Jésus, la destinée est chère.

 

L’Enfant de Bethléem de son rêve est sorti,

Il reçoit cette rose, offrande parfumée,

Plus que des autres dons son âme en est charmée,

On voit tout le bonheur qu’il en a ressenti.

 

Ô miracle ! la fleur qui paraissait flétrie

Entre ses doigts divins a repris sa splendeur,

Et les présents des rois plaisent moins au Seigneur

Que cette simple fleur qu’il offrit à Marie.

 

 

 

Alfred MONTVAILLANT,

Les roses de Saron, 1905.

 

 

 

 

 

 

 

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