La mort du juste de la Dombe

 

 

Dans les ténèbres dont nos âges

Voilent la céleste clarté,

Tout, malgré l’orgueil des faux sages

N’est pourtant pas obscurité.

 

Témoin ce juste de la Dombe,

Dont la vie eut tant de douceur,

Et qui, mûr enfin pour la tombe,

S’éteint sous les yeux du Seigneur.

 

Il était ici l’humble prêtre,

Dans sa profonde humilité,

Ce qu’un prédestiné doit être :

Une lampe de charité.

 

Aux devoirs de son ministère

Il consacrait tous ses instants.

C’était un ange sur la terre

Un élu du ciel dans le temps.

 

Plus que l’éclat de la couronne

Dont les héros sont revêtus,

Cercueil que la foule environne,

Tu nous annonces ses vertus.

 

Racontez-nous, âmes choisies,

Quel fut ce vieillard du saint lieu,

Par lui les peines adoucies,

Et les cœurs qu’il gagnait à Dieu.

 

Que d’amertumes consolées

Par le bienheureux Vianney !

Que de personnes désolées

Le quittèrent l’esprit en paix !

 

Combien d’infortunes secrètes

Eurent un terme près de lui !

Et de combien de lourdes têtes

Sa bonté fut le doux appui !

 

Pauvres que sa main bienfaisante

Tant de fois au loin secourut,

Vous savez si son âme aimante

Devant la misère s’émut.

 

Vous qui gémissez, à sa tombe

Retrouvez le consolateur :

Ici-bas Vianney succombe,

Mais non sa force en le Seigneur.

 

 

 

J. MORGON.

 

Paru dans La France littéraire, artistique, scientifique en 1860.

 

 

 

 

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