L’hiver

L’Hiver ! Un horizon borné de blêmes routes,

Spectral, meurtri, sans bras, se dresse un arbre mort,

Témoignage muet de tragiques déroutes,

Sous le norois cinglant qui pénètre et qui mord.

Déserts sont les bosquets, désertes sont les branches,

Le soleil s’est caché, tout grelottant de froid.

Que de rêves brisés pleurent leurs Pâques blanches,

L’Hiver, de notre vie, est le chemin de croix.

On se chauffe aux débris d’une illusion morte,

Le feu de bois, dans l’âtre, a perdu sa chaleur,

Un aquilon brutal, s’infiltre sous la porte,

Et la neige qui tombe est morne, sans couleur.

Mais, dans le ciel, ô Joie ! une clarté divine,

Un soleil rose et doux plein de mysticité,

Une neige fleurie, un chant qui se devine,

Une indicible paix... C’est la Nativité.

Louis MOURIER.

Paru dans Art et poésie, reflets poétiques de l’ethnie française,

Anthologie des membres titulaires, agrégés d’honneur de la

Société des poètes et artistes de France,

sous la direction littéraire de Henry Meillant,

Jean Grassin éditeur, 1968.