Idéal
Au sculpteur Colemo.
Du sol, où sont couchés les effroyables nombres,
S’entassant dans la plaine et comblant les ravins,
Idéal, pour lequel on meurt, toi qui convaincs
Qu’il est beau de mourir, toi qui jamais ne sombres,
Tu sauras te lever après les heures sombres,
Plus noble et tout vibrant des grands espoirs divins !
Les efforts des héros tombés ne sont pas vains
Et l’on peut s’arc-bouter même sur les décombres.
Saint Idéal, toi qui jadis nous enflammais,
Toi qui grandis toujours et qui ne meurs jamais,
Sois le guide éternel et, tendant une palme
À ceux dont le martyre ajoute à ta beauté,
Émerge du chaos dans la lumière calme
Et viens régner plus fort sur le monde exalté !
Limbourg, 2 décembre 1915.
Émile MOUSSAT, Sous le Ciel d’Allemagne.