Le vieux logis

 

 

Avant de le quitter, puisque c’est ta folie,

Le logis humble et simple et ses calmes bontés,

Afin de rester pur dans le rut des cités,

Emplis-toi du parfum de sa mélancolie.

 

C’est ici qu’ils sont morts, ceux que ta fuite oublie,

Qui t’ont bercé jadis de leurs bras enchantés,

Et l’on croit voir errer aux miroirs attristés

L’âme de leurs regards en leur face pâlie.

 

Ah ! comme il vaudrait mieux ne la quitter jamais,

La demeure où les yeux de tous se sont fermés !

Qu’il serait doux, rêvant aux clartés infinies,

 

À l’heure où le trépas tordra ton corps brûlant,

De t’endormir aux pieds du grand crucifix blanc

Vers lequel ont monté toutes leurs agonies !

 

 

 

Jacques NAYRAL, La Dentelle des Heures.

 

Paru dans Toutes les lyres,

anthologie critique des poètes

contemporains, 1911.

 

 

 

 

 

 

 

 

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