Office du soir
QUAND s’achève le jour, souvent je vais m’asseoir
Au portique roman de l’église anglicane
Que jamais aucun pas, ni pieux, ni profane,
En été ne franchit de l’aube jusqu’au soir.
Des calices mourants, comme d’un encensoir,
Monte l’âpre parfum de la fleur qui se fane,
Quand la lune surgit, de l’onde diaphane,
Toute dorée, ainsi qu’un immense ostensoir.
En haut d’un pin d’Alep un trio de cigales
Exécute un motet aux strophes inégales
Qu’accompagnent, du flot, les accords martelés ;
Les légers poivriers, comme de jeunes vierges,
Égrènent le corail de leurs fins chapelets ;
Au ciel, une invisible main pose des cierges...
Ely NEVIL, Alger, août 1897.
Paru dans La Sylphide en 1897.