Pensées
Nous ne sommes sur la terre que pour nous aimer, nous servir réciproquement, nous aider les uns les autres... Savoir, c’est se tromper peut-être ; croire, c’est la sagesse et le bonheur ; espérer, c’est le remède et la consolation de tous les maux ; aimer, c’est toute la vertu.
Pour pénétrer dans l’abîme des volontés de Dieu, il manque à l’homme des organes que Dieu n’a pas daigné lui donner. Que diras-tu de l’aveugle-né qui porte un jugement sur les couleurs, ou du sourd-muet qui analyse les effets de la musique ? Nous ressemblons trop souvent à ces infirmes, quand nous prétendons avec notre courte science juger la conduite de Dieu et critiquer sa doctrine.
C’est le christianisme qui a émancipé le monde ancien ; c’est lui qui a appris aux esclaves, et, ce qui paraît bien plus difficile, aux maîtres, que tous les hommes étaient formés du même limon. C’est le christianisme qui a fait sortir la loi des nations d’un village obscur, et, dans ce village, d’une étable ; et dans cette étable, de la bouche d’un enfant proscrit, qui n’avait pour appui qu’un pauvre artisan. C’est le christianisme qui a soumis le sceptre et l’épée à la croix et qui a donné pour insigne de liberté au genre humain l’instrument de supplice d’un innocent.
L’orgueil des philosophes et des savants a inventé la plus impossible des hypothèses : la mort éternelle et le néant.
Charles NODIER.
Recueilli dans L’Académie française au XIXe siècle
et la foi chrétienne, nouvelle édition, refondue
et continuée jusqu’en 1896.