Le temple universel

 

 

Je crois que Dieu se sert de la Latinité

Pour préparer la terre à sa grande unité.

 

L’autre jour, par l’immense place aux bras de pierre,

Pour la centième fois je montais à Saint-Pierre ;

L’air léger bourdonnait des cloches du printemps ;

Passé le seuil, parmi les marbres éclatants,

Le soleil inondait de ses nappes dorées

Ces lignes de grandeur que l’âme a consacrées,

Et je reconnaissais que l’idéal romain

S’exprime pleinement dans cet art souverain.

Si l’or fut prodigué pour la Sainte-Sophie,

De même ici le marbre enseigne et signifie :

L’offrande magnifique à la Divinité

N’est pas d’un peuple seul, mais de l’humanité.

Quand sur ces arcs géants se dressa la coupole,

Au front même de Rome elle mit le symbole

De tout le rêve humain qui demande un abri,

Car ce temple d’orgueil n’exalte que l’esprit.

C’est la beauté, c’est la science, la sagesse,

Le trésor de ces temps où rayonna la Grèce,

Et pour purifier les dons qu’elle apporta,

Le verbe de l’Amour venu du Golgotha ;

C’est la raison unie à ce qui la dépasse,

La loi de la nature à celle de la Grâce,

Et par tous les soleils que Dieu nous a donnés,

Toute lumière offerte à nos cœurs fortunés.

Pour l’œuvre sans égale où ta bonté s’applique,

Je te salue, ô sainte Église catholique !

Je te vénère, humaine et divine maison,

Où la mystique vit au cœur de la raison ;

Je t’admire, apprêtant tes moissons dans le monde

Par l’esprit qui mûrit et le sang qui féconde ;

Et je t’aime d’unir pour tes vastes desseins,

Les maîtres de beauté, les savants et les saints.

 

 

 

Pierre de NOLHAC, Le testament d’un latin, 1928.

 

Recueilli dans Poètes de Jésus-Christ,

poésies rassemblées par André Mabille de Poncheville,

Bruges, Librairie de l’Œuvre Saint-Charles, 1937.

 

 

 

 

 

 

 

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