Le Divin Amour

 

 

Je vous comprends, vous êtes là, vous êtes mien,

Vos gestes sont si doux dans la lumière blonde,

Les gestes du printemps avec eux se confondent...

 

Vous m’êtes apparu au détour du chemin,

Je vous cherchais, je vous aimais sans vous connaître,

Vous êtes un ami, je vous croyais un maître...

 

J’ai pleuré, je me suis penché sur votre cœur,

Vos bras m’ont entouré d’une muette étreinte,

Vous êtes mien, je suis à vous, je suis sans crainte...

 

Il y avait tant de soleil dans la fraîcheur,

Et toute la nature était transfigurée...

C’est la minute que mon âme a désirée...

 

Vous m’aimez, oui ? Moi je suis las exquisement

De vous aimer ; mon âme est comme un chant d’abeille,

Ou comme un lys trop lourd qui penche en sa corbeille...

 

Ne vous éloignez pas... ce serait un tourment

Invincible et profond pour mon âme nouvelle !

Voilà combien de jours que ma voix vous appelle ?

 

C’est une effusion de sainte volupté,

Votre regard d’amour fait que je tremble et pleure,

Est-ce l’éternité déjà ou bien une heure ?

 

Vous êtes beau ! C’est vous l’Éternelle beauté

Que j’ai cherchée, avec mon désir, par les grèves,

Par les chemins, par les lointains et par les rêves...

 

C’est vous dont je sentais les effluves sacrés,

Dans le printemps divin, où chantait ma jeunesse,

C’est vous que j’aspirais dans mes matins d’ivresse !

 

C’est vous qui souriiez dans les brouillards dorés,

C’est vous qui faisiez choir autour de mes pensées,

Les neiges des vergers et les pluies des rosées...

 

Celui que je voyais marcher sur les coteaux

Aux heures de candeur et de clarté vivante,

C’était vous ! C’était vous que mon âme fervente

 

Écoutait palpiter dans l’extase des eaux,

Dans le frisson des bois et dans le grand silence

Où l’Angélus des soirs candides se balance...

 

Je ne vous voyais pas et je vous reconnais,

Je ne vous parlais pas, mais votre voix est celle

Dont je disais : Voici le matin qui m’appelle.

 

Vous voici maintenant, ô vous que je cherchais,

Suis-je encor moi ? Vous êtes là, je vous adore...

Non, n’est-ce pas, je ne pourrais vous perdre encore ?

 

Quoi... Vous daignez, vous voulez bien de mon désir ?

Je vous aime... voici le baiser de vos lèvres...

Où suis-je ? C’est l’amour éternel et sans fièvres.

 

C’est l’amour si brûlant qu’on en voudrait mourir,

J’oublie... Est-ce donc moi qui fus lâche et infâme ?...

Je suis dans un soleil immense... dans la flamme...

 

Est-ce votre âme, ô mon Seigneur, ou bien mon âme ?

 

 

 

Pierre NOTHOMB, Porte du Ciel.

 

Recueilli dans Poètes de Jésus-Christ,

poésies rassemblées par André Mabille de Poncheville,

Bruges, Librairie de l’Œuvre Saint-Charles, 1937.

 

 

 

 

 

 

 

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