Le convoi d’un enfant
Il neige, dans l’air flotte une pâleur immense :
Sur le sol tout est blanc : plaine, vallon, forêt.
Entre ces deux blancheurs l’horizon disparaît :
Où la terre finit, déjà le ciel commence.
Je laissais dans le vague errer mon œil distrait...
Soudain des chants, des fleurs. Un cortège s’avance.
– Ô voix, que chantez-vous ? le deuil ou l’espérance ?
Que dites-vous, ô fleurs ? l’amour ou le regret ?
Hélas ! c’est le convoi d’un enfant. – Pauvre mère !
Pleure tes longs espoirs et ta joie éphémère !
Pleure !... mais souviens-toi qu’en frappant Dieu bénit.
L’enfant, dans son linceul, retrouve un autre lange ;
Pour lui le ciel commence où la terre finit,
Et son frêle cercueil est le berceau d un ange.
Abbé C. NOUVEAU.
Paru dans L’Année des poètes en 1896.