Dieu

 

 

Dieu, c’est la beauté, Dieu, beauté même, a parlé

Dans le buisson de flamme à son peuple assemblé,

Aux lèvres de Moïse, aux lèvres des prophètes,

Et ses discours profonds sont clairs comme des fêtes.

Son livre est un chœur vaste où David a chanté,

Et c’est un fleuve, il coule avec l’immensité

De ses vagues, noyant dans leur écume ardente

Ton navire, ô Milton, et ta galère, ô Dante !

Et Jésus a parlé, rouge et bleu sous le ciel,

Et des mots qu’il a dits la terre a fait son miel.

Les lys ont confondu sa robe avec l’aurore,

Sa voix, sur la montagne, elle s’élève encore :

Car Il est aussi beau qu’Il est vrai ; sa beauté

Est mère de la fleur, de l’aube et de l’été.

Le Beau n’est qu’un mot creux, l’idéal qu’un mot vide,

Mais la beauté, c’est Dieu dont notre âme est avide ;

La beauté, mais, poète, elle est au cœur de Dieu

Le lotus de lumière et la rose de feu ;

De plus haut que les Tyrs et les Sions sublimes,

Elle descend sur l’ange, elle est vouée aux cimes,

Soleil des paradis, étoile des matins,

Et nos regards sont faits de ses rayons éteints.

– Beauté, face de Dieu, gouffre des purs délices,

Formidable aux élus, devant vous les milices

Célestes dont les seins sont cuirassés d’ardeur,

Guerriers gantés de grâce et chaussés de candeur,

Dont les ailes de feu battent le dos par douze,

Capitaines d’amour dont l’aurore est jalouse,

Et dont l’épée au poing n’est qu’un rayon vermeil,

Tremblent comme la brume au lever du soleil !

– Alleluia vers vous, beauté du Père, et gloire !

Gloire à vous sur la terre et sur les luths d’ivoire

Des riants chérubins, votre escabeau vivant !

Gloire à vous sur la lyre et les harpes au vent

Des séraphins chantant dans les apothéoses !

Doigts des anges, courez sur les violons roses !

Formez-vous, doux nuage, autour des encensoirs !

Brûlez, soleils levants ! fumez, parfums des soirs !

Montez vers la colombe, ô blanches innocences.

Montez ! et vous, Vertus, Principautés, Puissances,

Menez, parmi les lys, le cortège des dieux,

Sur les pas de Jésus miséricordieux !

 

 

 

Germain NOUVEAU, Poésies d’Humilis et vers inédits, 1924.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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