Quand l’ombre descendra
tout au fond de mes yeux
Quand l’ombre descendra tout au fond de mes yeux,
Quand les choses, soudain, deviendront incertaines,
Quand tous les mots confus et pâles des adieux
Berceront ma torpeur d’une berceuse vaine,
Si je puis, ô mon Dieu, ressaisir mon esprit
Prêt à se dégager de ses limbes charnelles,
Je voudrais, aux vivants déchirés et surpris,
Apporter un écho de la vie éternelle.
Je voudrais, arrachée à mes obscurs remords,
Écouter sans frémir les assauts du silence
Afin de dire à ceux qui veilleront encor,
Ne voyant sur mon front qu’une nuit qui commence,
Je m’endors, et je sais que ce n’est pas la mort !....
Anne-Marie ODDO.
Recueilli dans Anthologie de la Société des poètes français, t. I, 1947.