Dévouement religieux
Malgré la mort, malgré la vie,
Je veux te suivre et t’adorer ;
Malgré moi-même et ma folie,
Je me sens vers toi soupirer.
Tu me retiens, tu me captives
Quand je m’égare ou me distrais ;
À travers mes larmes furtives,
Quand je suis seul, tu m’apparais.
L’éclair, sondant la nuit profonde,
Est moins perçant que ton regard ;
L’orbe riant du vaste monde
M’embrasse moins de toute part.
L’oiseau qui seul se fait entendre
Quand, la nuit, tout dort sous les bois,
M’appelle d’une voix moins tendre
Que dans mon cœur ne fait ta voix.
Elle me dit : « Je t’aime, écoute !
En moi tu peux tout retrouver.
Pourquoi me fuir ? Pourquoi ce doute ?
Hors moi, qui peut donc te sauver ?
Je t’aime plus qu’on n’aime un frère ;
Tu sais ma demeure et mon nom.
Brise le nœud qui m’est contraire,
Et jamais ne me redis : non.
Ne me crains plus ; sois-moi fidèle ;
Je suis sans cesse à ton côté :
Mais, pour me suivre, garde une aile ;
Car j’habite l’Éternité. »
Juste OLIVIER.
Recueilli dans
Recueil gradué de poésies françaises,
par Frédéric Caumont, 1847.