À UNE JEUNE FILLE

 

 

COMME le lys éclos au pied de la colline

Au souffle harmonieux de la brise s’incline,

              Radieux de sérénité,

Enfant, ton front candide où la grâce rayonne

Se penche sous les fleurs de la blanche couronne

De tes treize printemps si pleins de pureté.

 

De l’aube d’un beau jour l’ineffable lumière

De reflets caressants imprègne ta paupière,

              Comme un lac aux limpides eaux ;

Ta lèvre qui s’entr’ouvre en suaves paroles,

A l’éclat de la rose aux naissantes corolles,

Et ta voix le doux son de la voix des oiseaux.

 

Quand tu souris, enfant, aux baisers de ta mère,

Les Anges recueillis suspendent leur prière

              Devant ce sourire si pur ;

Et quand ta voix s’élève en hymnes d’allégresse,

Le regard du Seigneur jusques à toi s’abaisse,

Et de sérénité darde ton chaume obscur !

 

Ton visage, miroir de ton âme enfantine,

Porte de la pudeur l’auréole divine

              Que dore un doux reflet des cieux ;

Des roses et des lys il a l’éclat suprême

Et ta chaste beauté te fait un diadème

Qui rend, enfant, ton front encor plus gracieux !

 

Ton cœur, – lyre céleste à la fibre sonore, –

Pour l’enfant orphelin, l’indigent qui t’implore.

              La veuve aux yeux voilés de pleurs,

A de si doux accents pour charmer leur souffrance,

Que l’angoisse soudain fait place à l’espérance,

Et que l’hymne succède aux sanglots des douleurs !

 

Entre toutes, Enfant, le Seigneur t’a bénie !

En toi tout est parfum, grâce, paix, harmonie,

              Sérénité, sourire, amour ;

Et tu grandis ainsi, blanche fleur isolée,

Avec ton cœur aimant, ton âme immaculée,

Ignorante du mal, pure comme un beau jour !

 

Enfant, oh ! puisses-tu, loin des bruits et du monde,

Garder cette candeur et cette paix profonde,

              Trésor de ton âme sans fiel !

Et, détournant tes pas de tout souffle funeste,

Conserver à ton front cette grâce modeste

Qui le ceint aujourd’hui, comme un nimbe du ciel !...

 

 

                                                                            Louis OPPEPIN,

                                                                        Officier d’Académie.

 

                                                                                    9 mars 1898.

 

                                                          Paru dans La Sylphide en 1898.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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