La rêveuse

 

 

Je suis entré sans bruit au salon : elle est là,

Seule, le front penché, prés de la table assise,

Évoquant des sujets que son cœur poétise

Ou scrutant l’avenir que le ciel nous voila.

 

Ange des rêves, dis à l’Enfant que voilà

L’hymne mystérieux que murmure la brise,

Et les concerts des flots dont son âme est éprise,

Et les chants merveilleux que Dieu te révéla ;

 

Donne aux vallons qu’elle aime une grâce nouvelle ;

Fais que l’air soit plus pur, que la fleur soit plus belle ;

Couvre de pourpre et d’or le feuillage des bois ;

 

Puis, par de frais sentiers et des routes parées

De roses, conduis-la, loin du bruit de nos voix,

Vers l’Idéal, au sein des splendeurs ignorées.

 

 

 

E. ORIEUX.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1890.

 

 

 

 

 

 

 

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