Sur le ponton des en allés
Sur le ponton des en allés
Où l’oursin affûte ses armes,
Au port des cœurs mal consolés
L’Ankou vient usiner des larmes.
Au port où l’équinoxe aboie,
Connivence des goélands,
Le café clôt ses contrevents,
Se signent les filles de joie.
Au port des amours sans visage
On entend la cloche des eaux
Sonner l’appel du long passage
Et gémir l’âme des bateaux.
Beau matelot pour une femme,
Algue verte au bras des brisants,
Ton corps se tord, roule à la lame,
C’est pourquoi la mer pleure blanc.
Il n’y a plus de port à l’île,
L’éternité reprend son dû
Et l’on voit le marin perdu
Mettre le cap sur l’Évangile.
Pierre OSENAT, Elles et eux.
Recueilli dans
Les plus beaux poèmes sur la mer,
Anthologie composée par Yves La Prairie,
Le Cherche-Midi Éditeur, 1993.