Dans la douleur
À Madame Noël Bazan.
Le cœur toujours saignant, l’âme toute meurtrie,
Triste et seul j’ai suivi le chemin de douleur ;
J’ai souffert en aimant ; ce fut toute ma vie :
Vous le savez, Seigneur !
Toujours éperdûment assoiffé de tendresse,
De la joie attendue et des bonheurs rêvés
Je n’eus que l’espérance en ma sombre jeunesse :
Seigneur, vous le savez.
J’ai connu tous les deuils et toutes les misères.
Le monde est dur, hélas ! au pauvre être exilé :
Toujours seul, j’ai versé bien des larmes amères
Sans être consolé.
Mais toujours devant vous mon âme resta pure :
Vous savez que jamais rien n’a souillé mon cœur...
Je me sens, dans l’angoisse, après chaque blessure,
Plus près de vous, Seigneur !
Eugène PANNETRAT.
Paru dans L’Année des poètes en 1896.