Création

D’un éclair fulgurant Dieu fit jaillir le monde,

Commencement et fin, dogme d’éternité...

Le mystère de « rien » tourne sa folle ronde,

Sans trouver le secret, le fil de vérité.

Puis Il créa le couple, envoûté de faiblesses,

Soumis aux tentations de chair, premier péché,

Adam par son désir, Ève par ses caresses

Connurent un amour pour en faire Psyché.

Caïn tua Abel, César brisa la vie,

Races en ignorance et peuples en courroux

Tentèrent de cueillir le fruit de leur envie

Dans la nuit, dans le crime et dans de vils remous.

Le temps suivit son cours dans l’ombre et le désordre,

Le corps, l’âme et l’esprit par le doute engourdis

Sombrèrent dans la gent du mal où vint se tordre

De rage, le démon aux abus refroidis.

Mais le Ciel exhala le cri de la colère

Contre les grands, les forts, les tyrans corrompus,

Aux faibles Il promit secours, joie et prière,

À l’être humain Il fit don de son Fils Jésus.

Longtemps, des purs épris de foi et de lumière

Attendirent les yeux fixés sur une Croix

Qu’un meilleur sort fût fait à l’insigne misère.

Combien firent écho à leur sublime voix ?

Maître de l’Univers, pourquoi par ta puissance,

Ne reviens-tu chasser du temple profané

Les loups, d’un siècle grand en dégénérescence

Avec l’illusion d’un progrès condamné ?

Atome, ère spatiale, heures si angoissantes,

Finiront par détruire espoir et réconfort

Des gens de bien ceux-là, des foules exaltantes...

Damoclès sous l’épée est la Terre et la Mort.

Homme précipité vers les enfers de Dante,

Tels nos Anciens, les preux, enfin ressaisis-toi,

Fuis le gouffre de feu, la ruine menaçante

Est inscrite aux feuillets d’une cynique loi.

Ô jeune au cœur d’airain, frère de mon enfance,

Ne laisse pas sombrer le vaisseau en danger,

Que Cérès te protège et porte ta vaillance

Sur l’autel de la Paix en noble messager.

Maurice PARROT.

Recueilli dans : Maurice Delorme, Le Blason des Poètes,

Anthologie du Syndicat des Journalistes et Écrivains,

Éditions de la Revue moderne, 1965.