De senectute
Non, non, je ne crains point de vieillir ; et la mort
M’apparaît, tout là-bas, comme une délivrance !
Mais le marin navigue avec persévérance
Avant de mériter les délices du port.
Comme le blé futur est de l’herbe d’abord
Et comme chaque orage en accroît l’espérance,
Ainsi, toutes les fois qu’il pleut de la souffrance,
Le faible cœur humain se relève plus fort.
Sous l’averse des jours dont le temps nous inonde,
Vivons et vieillissons : la vieillesse est féconde ;
Et, quand la vertu touche à sa maturité,
Le divin moissonneur vers l’homme s’achemine.
Tombez, tombez sur moi, gouttes d’éternité,
Et mûrissez mon cœur pour la moisson divine !
Achille PAYSANT.
Paru dans L’Année des poètes en 1890.