Joseph commence à s’alarmer
Air de Joconde.
Joseph commence à s’alarmer
De voir Marie enceinte :
Il ne veut point la diffamer
Malgré toute sa crainte.
Il en était le chaste époux
Par un ordre suprême
Mais de sa gloire il est jaloux :
C’est la vertu qu’il aime.
Il forme le dessein secret
De se séparer d’elle.
Il en a pourtant du regret,
Il balance, il chancelle.
Aux flammes de la charité,
Quand un cœur est sensible,
Il doit couvrir l’iniquité
Autant qu’il est possible.
Le Ciel lui prête son secours
Dans cette conjoncture.
Tandis que la nuit suit son cours,
Un songe le rassure.
Un ange descendu des Cieux
Et rayonnant de gloire,
Lui dit qu’il doit fermer les yeux
Sur ce qu’il ose croire.
– Chaste Joseph, que prétends-tu ?
Tu veux quitter Marie !
Tant de candeur, tant de vertu
Doit-elle être flétrie ?
Cesse de former un dessein
À ta gloire funeste,
Ce qu’elle porte dans son sein
Vient d’un Époux Céleste.
Elle ne doit pas enfanter
Un mortel ordinaire.
L’enfer se verra supplanté
Par cette Vierge mère.
Elle est enceinte du Sauveur
Qui vient briser ta chaîne.
Son Fils sera le Rédempteur
De la nature humaine.
Joseph, avec soumission
Suit l’ordre de son maître.
Bientôt le Sauveur de Sion
Au monde va paraître.
En attendant cet heureux jour
Si cher à son attente,
Ce chaste époux à son amour
Garde une foi constante.
Simon-Joseph PELLEGRIN,
Noëls nouveaux sur les chants des Noëls anciens, septième recueil.
Recueilli dans La grande et belle bible
des Noëls anciens, XVIIe et XVIIIe siècles,
par Henry Poulaille, Éditions Albin Michel, 1950.