L’adieu

 

 

Adieu !... tu m’as quittée. Adieu !.... tu m’as laissée.

Tu pars sans moi. Tu meurs... tu peux mourir sans moi !..

J'allais mourir aussi... Mais Dieu m’a repoussée.

Pourquoi ?... N’étais-je pas encor digne de toi ?...

 

Non ! et je dois souffrir toute une vie entière ;

Je dois souffrir des maux sans mesure ici-bas.

Je dois, pour mériter d’entrer dans ta lumière,

Recommencer ma route et marcher dans tes pas.

 

Et puisque tu fus bon il faut que je sois bonne.

Je dois être clémente aussi : tu fus clément.

Je dois tout pardonner afin qu’on me pardonne,

Humble dans le pardon et dans le dévouement.

 

Puisque tu fus parfait, je dois être parfaite.

Je dois être passée au creuset du malheur.

Le malheur purifie, et la douleur est faite

Pour les femmes qui n’ont d’aide que la douleur ;

 

Celles qui n’ont, sans but en ce monde et sans aile,

Sans force dans leur cœur faible, brisé, meurtri,

Que la douleur semant, sur sa route autour d’elle,

Le sacrifice, un fruit dont le Christ s’est nourri.

 

Ton grand cœur fut si grand, ta main toute puissante

Prodigua tant de biens à tous les malheureux ;

Ta charité sublime, et toujours renaissante,

Accorda tant de dons, écouta tant de vœux

 

Qu’il me faut pour te suivre et marcher dans ta route,

Rejeter loin de moi tous les fardeaux humains :

Le désespoir, la plainte, et le trouble et le doute ;

Livrer mon âme, ouvrir mon cœur, ouvrir mes mains.

 

Aimer !... toujours aimer sans demander qu’on m’aime ;

Donner !... toujours donner sans garder rien pour moi.

Aimer tous mes amis, tous mes ennemis même ;

Mettre la charité dans l’amour comme toi.

 

Offrir toute ma chair dans l’entier sacrifice ;

Goutte à goutte, verser tout le sang de mon cœur ;

M’immoler, m’abreuver du fiel de mon calice,

Après avoir brisé ma coupe de liqueur.

 

Adieu !... tu m’as quittée, et je ne suis pas morte !...

Et ma main dans ta main, et mes yeux dans les tiens,

J’obéis au devoir de vivre. Je suis forte.

J’attendrai jusqu’au jour où tu me diras : « Viens !... »

 

Ce mot, je l’entendrai dans la brise qui passe.

Ton appel !... Ah ! partout, j’entendrai ton appel !

Ton regard !... Je verrai ton regard dans l’espace !...

Ton signe !... Je suivrai ton signe dans le ciel !...

 

 

 

Léocadie HERSENT-PENQUER.

 

 

 

 

 

 

 

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